Vol Paris-Ouagadougou. Trois semaines après les représentations de Saint-Brieuc, je me retrouve dans un avion en compagnie de Mathieu Montanier. Nous volons vers Ouagadougou. Deux mois de théâtre en Afrique ! Nous ne reviendrons en France que le mardi 13 avril. Mathieu est tout attente. Il sent que beaucoup de choses vont se déplacer, à commencer par le fameux terme d’identité. Le puzzle va bouger, des pièces vont sauter, d’autres vont rentrer dans le jeu. Il me parle d’ailleurs de son identité d’homme et de son identité d’acteur.

Nous revenons longuement sur les spectacles de Saint-Brieuc. Nous comparons les comportements des metteurs en scène : Garance Dor, Eléonore Weber, Charline Grand, Annie Lucas, Gianni Grégory Fornet, Alexandre Koutchevsky, Alexis Fichet. À quoi chacun d’entre eux carbure. Comment ils abordent la scène et les acteurs. Il y aurait c’est vrai une carte à dresser : au-delà de chacun d’eux quelles figures de metteurs en scène se sont déployées au cours de ces deux mois de préparations/répétitions dans La Passerelle, scène nationale de Saint-Brieuc ? J’entends la parole d’un acteur. Trouver les mots justes pour exprimer ce que je ressens en tant qu’acteur devant la façon dont tel ou tel metteur en scène s’adresse à moi, me guide, me construit, n’est pas une mince affaire, me dit en substance Mathieu. J’adhère, je m’engage, je me dégage, je rejette, je trouve le contact, je fonce, je me sens abandonné, je me sens nourri, je me sens vidé, et bien d’autres sentiments encore. Un processus de création comme celui des Pièces d’identités turbule les acteurs. À certains moments tu décolles, à d’autres moments t’es plaqué au sol.

La parole des acteurs : point sensible. Les acteurs ont-ils eu assez la parole pendant la préparation et la réalisation de ces Pièces d’Identités ? Ce n’est sans doute pas la bonne question ou la bonne façon de poser la question. Si je comprends bien Mathieu, c’est plus exactement le rapport établi et cultivé avec chaque metteur en scène qu’il interroge.

Nous filons vers Ouagadougou et de leur côté Monique Lucas et Charline Grand filent vers Niamey. De nouveaux acteurs vont entrer dans le jeu. Pour la plupart des acteurs avec qui j’ai entamé en avril et mai 2003 une démarche, précisément la démarche qui va se poursuivre ce mois-ci.

Mathieu a exprimé le souhait de reprendre la mise en scène de Revanche(s) de Kouam. Je le sens prêt. Il va entrer dans le vif du sujet dès Ouagadougou. Il brûle d’impatience. Nous séjournerons à Ouagadougou du 13 au 21 février. Les premiers jours nous mettrons en place un atelier d’acteurs que nous animerons ensemble. Notre autre objectif c’est de mettre en scène les petites pièces Fenêtres et Fantômes dans différents endroits du Centre Culturel Georges Méliès ; La suite du chantier ouvert en mai 2003, lors de mon passage. Monique et Charline s’attaquent au même boulot à Niamey.

Nous serons à Ouagadougou avec l’ensemble des spectacles Pièces d’identités, dont Fenêtres et Fantômes, du 21 au 28 mars. Nous jouerons les 25, 26 et 27 mars.