Les questions d’art et de théâtre sont menacées par les turbulences qui secouent le Fitheb. Ne pas lâcher sur le terrain de l’esthétique. C’est un gros mot je sais. Se tenir sur la bande où c’est encore possible. C’est par là que tout tient. Regarder par cette fenêtre et agir à partir de là. Donc trouver les espaces et les rapports propices.

L’équipe est solide. Kouam a beaucoup de nerf et une capacité à faire face aux situations délicates hors du commun. Monique, Charline, Wakeu, Martin, Mathieu, Kocou, Ese structurent l’équipe d’acteurs. Tous travaillent d’arrache-pied. Tous ont compris qu’il y a un esprit Folle Pensée, une pratique Folle Pensée, une esthétique Folle Pensée.

Installer notre dispositif théâtral et déployer les Pièces d’identités à Tog-Bin, la maison-théâtre-école édifiée par Alougbine Dine au bord de l’océan, c’était un projet précis. J’ai visité ce lieu en mars 2002, j’y ai travaillé avec des acteurs en avril 2003 ; à plusieurs reprises avec Dine, à Cotonou et à Paris, nous avons discuté de ce qu’exigeait comme aménagements la présence continue pendant trois semaines d’une communauté théâtrale au travail, de ce qu’exigeaient des représentations, l’accueil de publics. Tout baignait. Tout coule. Tog-Bin c’est fini. Plus possible d’y emmener la tribu errante Pièces d’identités, d’y répéter, d’y jouer. Alougbine Dine renonce à présenter des spectacles dans ce lieu pendant le Fitheb. Où allons-nous jouer ? Les conditions de représentation sont des figures de style. Les Pièces d’identités sont des figures de style. Je tiens à articuler les Pièces d’identités avec des territoires, des paysages, des modalités de représentation, des rapports avec le peuple. Il y a là un enjeu artistique et esthétique. (Peuple ? Utopie lexicographique : substituer chaque fois que c’est possible le mot peuple au mot public).

Grain de sel. Théoros. Le même mot ne désigne-t-il pas chez les grecs le théoricien et le spectateur de théâtre ?