Jean-Claude Marrey, romancier, inspecteur du théâtre, 18 juin 1989

J’ai donc lu. Avec beaucoup d’intérêt et beaucoup d’admiration : la qualité soutenue du style, l’étrangeté des images et de la situation, leur poésie, leur non-naturalisme, leur aspect mythique font de L’Ange une œuvre achevée, même si elle reste par beaucoup de côtés énigmatique.

 

Jean-Louis Jacopin, metteur en scène, juillet 1989

Dans le train qui m’emmène de Paris à Douai, je viens de lire La Chute de l’ange rebelle, je trouve ce texte tout à fait remarquable, un très bon texte, à l’écriture, tenu de bout en bout, un moment de présence.

 

Francis Hass, metteur en scène, 21 août 1989

L’Ange rebelle m’a beaucoup ému et j’aime de plus en plus la fragile oscillation de tes personnages, de Plage, Terres, à L’Ange et ce qui les façonne dans la langue, odeurs de terre, désirs d’errance, cyniques fragilités, débris de statues de terre cuite mis à jour par l’écriture, fragments épars d’une fresque biblique à jamais perdue pour n’avoir jamais existé. J’en viens souvent à rapprocher ton écriture de l’art de la fresque primitive celle de l’arme sur le roc colorée aux pierres friables, aux sables humides et surchargée des plâtres peints et des effritements d’enduits du quattrocento. Il n’y a pas de page, tout vole. Beaucoup d’anges.

 

Danielle Dumas, Éditions L’Avant-scène

Paris, le 25 août 1989

Cher ami,

J’ai beaucoup apprécié La Chute de l’ange rebelle, me délectant des réminiscences bibliques [,] du très beau jeu sur le langage, et d’une certaine forme de parodie de La Salle de bains. Mais est-ce bien un texte dramatique ?
Je le verrais bien aux Éditions de Minuit, dans cette formule hybride entre la confession, et la satire.

Avec toutes mes amitiés,

Danielle Dumas

 

Jérôme Lindon, Éditions de Minuit

Paris, le 25 octobre 1989

Monsieur,

Comme je vous l’ai dit ce matin au téléphone, j’ai trouvé votre Chute de l’ange rebelle plein(e) de talent. Mais, si ce n’est pas une pièce de théâtre, ce n’est pas non plus un roman et je me sens incapable, comme éditeur, de lui assurer un nombre à peu près décent de lecteurs. Je n’hésite pas en revanche à vous suggérer d’entreprendre quelque jour un roman, avec tout ce que le genre implique tant au plan de la structure que des dimensions. Je les lirai, j’en suis convaincu, avec grand plaisir.

Je vous fais retourner votre manuscrit par courrier séparé.

Je vous prie de croire, Monsieur, à mes sentiments les meilleurs.

Jérôme Lindon

 

Marie-Catherine Vacher et Bertrand Py, Éditions Actes Sud

Arles, le 26 octobre 1989

Cher Roland Fichet,

La Chute de l’Ange rebelle est assurément un livre digne d’attention. Ce livre sait « où il va » avec la pertinence de qui abandonne à de plus naïfs l’envie de se payer de mots, comme s’il brûlait, profond et jubilatoire, de toutes les énigmes et de tous les désirs que son trajet saisit et illumine. C’est dire avec quel intérêt nous avons lu ce récit. Mais nous avons été troublés, aussi, par la façon dont ce « texte-comète » se donne à lire : entreprise absolument singulière se refermant sur elle-même, à la dernière ligne, dans une sorte d’immanence qu’il semble interdit d’interroger davantage. Et puis, quelquefois, le plaisir de vous lire achoppe sur des passages d’un humour un peu trop « facile », s’irrite des clins d’œil que vous lancez çà et là : la construction d’un texte aussi bref est si fragile, si exigeante que la moindre lézarde la met en grand danger. Ne manquez pas, cela dit, de nous tenir informés de ce que vous avez en projet. Il est à nos yeux impossible de débuter une « carrière » littéraire avec un texte aussi singulier, mais celui-ci pourrait éventuellement trouver sa place dans un plan de publication plus étoffé.

Dans l’espoir de vous lire à nouveau, nous vous prions, cher Roland Fichet, de croire à nos sentiments très cordiaux.

Marie-Catherine Vacher
Bertrand Py

P.S. : Nous vous retournons ci-joint le manuscrit.

 

Lucien Attoun, Théâtre ouvert

Paris, le 23 novembre 1989

Cher Roland Fichet,

Nous avons lu avec intérêt le texte que vous m’aviez adressé après notre rencontre à la Radio, La Chute de l’ange rebelle. Nous avons été sensible à cette écriture particulière et la progression de l’action à travers une situation dramatique apparemment statique : vous avez, semble-t-il, su éviter le piège du récit.

Je suis d’accord, comme vous me l’avez demandé, de présenter votre texte à France Culture dans mon émission le Nouveau Répertoire Dramatique. Mais, pour cela, il faut que les choses soient claires : avez-vous déjà envoyé ce texte à Radio France, car afin de pouvoir le programmer la direction doit connaître l’avis du Comité de lecture.

Donc, si vous ne l’avez pas fait et si vous en êtes d’accord, soyez gentil de me renvoyer assez vite l’un des deux formulaires ci-joints signé par vous.

Bien cordialement à vous,

Lucien Attoun