Retrovision. Les premiers pas du Labo auteurs Folle Pensée.

Décembre 2002. Janvier 2003.

Je prends contact avec Éléonore Weber, Garance Dor, Gianni-Grégory Fornet, Carole Aubrée-Dumont. Je leur propose de faire partie du labo. Je discute avec chacun d’eux. Ils acceptent tous. Chacun croise différemment désir d’écriture, désir de création, désir de théâtre. Ils sont engagés dans un geste construit. Nous voilà onze dans ce labo. Dans mon esprit il y a au moins quatre places pour les auteurs africains, mais je sais qu’il faudra imaginer des articulations, que ce ne sera pas simple. Comment je vois le travail de cette bande d’individus ? Je rêve de quelque chose de primitif et de très élaboré à la fois. Qu’on puisse y exprimer des réactions primaires non filtrées vis-à-vis d’une langue, d’une écriture, d’un sujet, d’une matière. Qu’on puisse y faire état de son idiotie, revendiquer son idiotie. Qu’on puisse y explorer des processus subtils, des savoirs complexes, que ce soit un lieu d’expériences et de recherches précises. Les deux donc, idiotie et subtilité savante. Je me représente le groupe d’auteurs comme un labo littérature/théâtre. Qu’est-ce qui se passe pour chacun d’entre nous dans l’un ou l’autre de ces champs ? Comment ça passe de l’un à l’autre ? Comment ça résonne ? La littérature et le théâtre entretiennent des rapports étranges. Ça m’intrigue. Ils se jettent l’un sur l’autre de temps en temps, par besoin, par nécessité. Ils se jettent l’un sur l’autre sauvagement. Ils arrachent avec les dents un morceau de chair. Mais quel désir ont-ils l’un de l’autre ? Je pense au mot puissance. Créer les conditions d’expression de la puissance de chacun des écrivains/poètes/auteurs dramatiques du groupe. Je pense au mot liberté. Dans ce lieu imaginaire qu’est le labo de Folle Pensée on verrait prendre corps la liberté de chacun. Écrire c’est se délier.