(article de Romain Brosseau, membre du LAMA, pour le dossier «Constellation Folle Pensé », publié en février 2014 sur mouvement.net)
« Le théâtre est une cérémonie dont l'objet est de revitaliser la communauté »
Voilà des mots de Julian Beck que je retrouve souvent dans mes carnets.
Je les écris, les note à chaque fois que les situations s’y prêtent.
Voilà que ces mots sont présents quand je parcours le carnet qui
m’accompagnait lors du dernier LAMA à Folle Pensée, Saint-Brieuc, été
2013.
Voilà ma vision, au sein du LAMA.
Acteur et auteur. Roland Fichet joue souvent sur cette seule lettre qui
les sépare. Je crois que j’ai commencé à écrire en même temps que j’ai
commencé à acter. De la même manière, quand je suis arrivé à l’école du
Théâtre National de Bretagne, mon acteur s’est sérieusement
professionnalisé et voilà qu’un mois après la rentrée, c’est un auteur
qui vient partager l’école avec nous : Roland F. Et l’écriture s’est
sérieusement rendue nécessaire grâce à la rencontre de Monsieur Roland.
Durant l’école, Stanislas Nordey parlait souvent des « alliés ». Comme
si le monde du théâtre était un vaste champ de bataille où il fallait
créer des alliances pour subsister dans le combat à mener. J’ai quitté
l’école voilà une année et je comprends qu’il n’avait pas tout à fait
tort. Seul, on ne va pas bien loin dans ce milieu souvent trop étroit et
surpeuplé. Et Roland Fichet, c’est un allié. Un de ceux qui n’hésitent
pas à tendre la main aux générations qui vont lui succéder pour faire
œuvre ensemble. C’est là, à la sortie de l’école que Roland me présente
son LAMA. Drôle de zèbre. Un projet commun pas commun.
Je reviens donc à la communauté. Car le LAMA c’est ça. Un groupuscule
qui naît, composé de personnes d’horizons différents se retrouvant en un
lieu pour travailler ensemble. Le lieu peut varier. L’objet d’étude
aussi. Je travaille sur plusieurs textes en même temps quand je ne fais
pas l’acteur (si l’on part du principe que je ne suis pas acteur quand
auteur…) Et je sais que tous sont susceptibles d’être proposés au LAMA.
Il y a différents lieux, différents moments, différentes propositions.
C’est comme une base centrale où plein de satellites gravitent tout
autour. Les groupes varient. Tous les membres du LAMA ne sont pas
toujours présents à chaque résidence. Ce n’est pas grave. On peut suivre
le travail sur le blog qui est notre lien à tous et permanent. Il y a
Alexandre Koutchevsky et Alexis Fichet qui sont là comme des piliers.
Deux auteurs qui sont comme des référents, des yeux avisés, de bons
conseils toujours. Avec leur bouteille qu’ils traînent depuis 10 ans,
faisant partie du premier groupe d’auteurs que réunissait Roland Fichet
une décennie plus tôt. Oui, le LAMA ce n’est pas nouveau. Mais c’est un
second mouvement, un autre souffle.
Dernier acte au LAMA : retour sur l’Albatros, texte de Sara Amrous,
suite à la commande des Portraits Bretons. J’ai lu ce texte sur le blog
et j’ai laissé un billet pour lui dire tous les points positifs, les
choses à retravailler dans son portrait. Elle y répondra plus tard,
quand elle aura le temps (car Sara est aussi metteure en scène et
actrice) par une nouvelle version, un autre commentaire ou par rien du
tout car elle en fait ce qu’elle veut de ma critique.
Dernière résidence en date du LAMA : 4 jours à Saint-Brieuc, Côtes
d’Armor, Bretagne. Plusieurs membres du LAMA, historiques, nouveaux ou
des historiques qui se rencontrent pour la première fois (nouveauté
encore !). Logés et nourris par la compagnie Folle-Pensée. La
nourriture, le nerf de la guerre. Or, quand la préoccupation de savoir
ce qu’il va falloir faire à manger et combien de temps de préparation
cela nécessite est écartée, quand on a une maison, une chambre pour soi,
quand on est accueilli, comme nous l’étions, à Folle Pensée, alors la
seule vraie occupation est de se mettre au travail, à son rythme. Avec
des rassemblements pour que les rythmes de chacun se retrouvent par
moment. Les journées étaient comme ça. Des moments pour se sentir libre
d’errer, d’écrire, de partir à la rencontre de matières à rêver. Puis le
soir, former ce cercle littéraire dans un salon et partager ensemble un
bout de cette journée qui aura été différente pour chacun.
Moi, par exemple, je suis parti dormir dans le gîte de Jacqui, Le
Quillio, Côtes d'Armor. Jacqui, mon sujet anglo-breton pour un des
portraits commandés par Folle Pensée. Première nuit chez Jacqui et les
jours suivants j’ai créé son portrait dans les maisons de Folle Pensée.
C’était ça ma dernière résidence à Folle Pensée.
Il y en aura, à suivre, des portraits, parce que je n’ai pas besoin de
cet espace pour écrire, mais il y aura d’autres résidences à suivre (du
28 juillet au 3 août 2014, noté d’ores et déjà dans les agendas parfois
capricieux) parce qu’ils sont nécessaires ces instants de repli, de
retrouvailles. Ces moments pour travailler ensemble.