Couverture de la revue Théâtre's en Bretagne n°15-16

(Extrait des « Notes dans la marge » de Roland Fichet publiées dans la revue Théâtre s en Bretagne n°15-16, Théâtre et territoire, P.U.R., deuxième semestre 2002. « Purifiés » est un texte de Sarah Kane écrit en 1998, publié en France en 1999 aux éditions L'Arche.)

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« Purifiés » de Sarah Kane

Pas d’effets de syntaxe. Des rapports. Des rapports tendus à mort. Chaque situation/dialogue de Purifiés met en jeu un rapport tendu à mort. Le mot de Sarah Kane mord celui qui le lit ou l’entend. Il a l’air banal il est vif. Il t’écorche vif. Il agit avec d’autant plus de force qu’il est tissé dans une toile sans pitié, efficace. La toile de la mort ?

Scène après scène la guerre des corps se déploie. Bien logée dans la civilisation — tout se passe dans une université ou à la lisière — la cruauté creuse naturellement ses galeries. La cruauté c’est naturel.

Qui parlait de la tendance native de l’homme à la méchanceté, à l’agression, à la destruction, à la cruauté ? Freud ? Oui, Freud. Bien sûr, Freud. Sarah Kane la met en tension, en haute tension, cette tendance native. C’est une chimiste spécialisée dans le chauffage à blanc de cette tension.

Il y a du diabolique ici et maintenant. La mort dans la vie. La cruauté dans l’amour. Le monstrueux qui tient l’humain, qui construit et détruit dans le même mouvement sa relation à l’autre, qui le tue.

Le mal. (Tout est souillé ?)
Purifiés : Machine précise, ça fonctionne, moteur nerveux, tenue de route impeccable.
Ces anglais (Bond, Barker…) savent régler une pièce de théâtre.