Répétition dès 9h. Belle présence de plusieurs acteurs. Le danseur de chez Kettly Noël exhibe son physique. C’est assez touchant. La salle est agréable. C’est un bon « théâtre » pour jouer la dernière représentation de la tournée.

Damien a envie de pousser encore plus loin la présence des artistes locaux dans la dernière partie de la pièce. Allons-y. Les « fantômes » accompagnent physiquement les trois invocations aux ancêtres de Princia, de Marie-Laure et de Aucarré. Comme dit Princia : « A ce moment-là les gens sont avec nous totalement. Ils ne bougent plus un poil. »

Pendant la pause du déjeuner, j’échange des textos avec Stanislas Nordey. Nous ne cessons de bouger nos calendriers pour que Damien puisse jouer dans Les Justes et dans Anatomies 2010 en janvier 2010. Stanislas fait le maximum et moi aussi. Une fois de plus, je lui suis reconnaissant de sa solidarité.

En fin d’après-midi je vais faire un tour. Je fais signe à un taxi. Il me dit qu’il me reconnaît, qu’il m’a vu à la télévision. Très grosse chaleur.

Avant la représentation, beaucoup de monde. Je reconnais le monsieur que j’ai vu dans le bureau du secrétaire général le premier jour. Il me raconte qu’il a été le dernier secrétaire d’Albert Camus. Il me dit : « La dernière année, Albert parlait beaucoup de théâtre, il voulait s’engager à fond dans le théâtre. Il avait l’intention d’acheter l’Athénée. Son premier projet : une trilogie : trois Dom Juan. »

Représentation. Je suis à mon poste, près de mon gong. Au début, un groupe de congolais rastas, ivres, qui sont là depuis le début de l’après midi perturbent le spectacle par leurs rires et leurs réactions bruyantes ce qui m’irrite. Mais ils se calment vite. Grande émotion. Anatomies 2009 - Comment toucher ? s’efface minute après minute.

Un public mixte agréable, très attentif. Fin bouleversante. Après le spectacle, ambiance douce dans le hall du CCF. Kettly Noël vient me féliciter.

Mon vendeur de chêches bleus, jaunes et rouge m’attend dehors. Il tient à m’expliquer qu’il n’est pas un truand, qu’il a juste des problèmes techniques. Je le crois.

Un autre « vendeur » jeune homme en boubou blanc insiste pour que je lui achète une bague en « pur argent ». Il dévoile son bijou enveloppé dans du papier. Surprise ! le bijou est enveloppé dans le tract d’Anatomies. Je souris en voyant mon nom juste au-dessous de la bague. La preuve que les tracts servent à quelque chose ! Sur la bague il y a un cœur.

Repas au Patio, restaurant du CCF. Je mange en face de Jean-Luc Bouillet, heureux et disert. Mama Koné n’est pas loin, silencieuse et présente.

Plus tard, la troupe élargie aux amis se transporte à la Terrasse. Bières. Danses. Nous nous retirons vite dans un coin, rêveurs.

Dans la rue, passé minuit, je marche à côté de Kader, maigre, vif, brûlant. Quelque chose lui manque. Je lui donne de l’argent. Il part s’approvisionner.

Retour à la villa. Nous ne nous couchons pas. Les trois congolais partent à 5h30, ce vendredi matin 1er mai : Princia, Aucarré, Papythio. Nous enchaînons les numéros et les blagues pour ne pas pleurer.

Devant le mini-bus dans lequel ils montent à 5h30 des enlacements et des paroles que la nuit voile de sa pudeur.