(Texte de Dieudonné Niangouna, auteur et metteur en scène, écrit après avoir vu, à Brazzaville, une représentation du spectacle « Anatomies 2008 / Brazzaville - Saint-Brieuc ».)

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Et si le jeu était dans le regard de l'autre ?

Et la voix, l'individu trempé de désir,

la quête de l'évasion, avec les corps difformes, multiformes, plateformes, intraformes, qui explosent au-delà des lignes,

et se nouent dans l'invasion des regards,

je vous dis c'était vendredi 17h, pas ailleurs, la rue Archambault, Bacongo, dans une cour, le soleil s'en allait déjà mais ses rayons ardents nous habitaient, sifflés par le regard de l'intrus, nous contemplons le sens de l'art s'initier dans les vertèbres de nos statures pour désavouer l'impromptue, l'inattendue ont raison de s'inviter, comme si nous devenions peu à peu la geste soukoussée de Roland Fichet.

Il n'est pas ordinaire de voir dans nos cours de maisons une troupe d'intrigants personnages comédiens, danseurs et auteurs et techniciens prendre en otage nos habitudes salaces pour les transformer en un partage artistique, le temps de négocier un impact.

Ah ! les ancêtres, pour faire corps dans les cours de Brazzaville, ils ont choisi la gorge ! Demandez à Flora Diguet qui avec ses yeux a vomi la colère de la zone dans un « Bahonda kwa ! Kabena ba beto ko ! », demandez à Sthyk, petit pied gris qui s'agite, parce que, nom d'un fils de mama, pour dire je t'aime il faut beaucoup de talent, vous le savez. Et c'est comme ça que le théâtre et la danse contemporaine se sont moulés dans les tubes organiques de ses machines de scène libérées par les ancêtres, à la gorge, après une si longue grippe, parce que c'est la saison au Congo, vous êtes au courant. Ben, si Makinu n'était pas les gens, qu'est-ce que je fais là ? On a besoin des gens et c'est pour ça que Roland et ses anges sont partis à Bacongo.