Couverture de la revue Théâtre's en Bretagne n°15-16

(Extrait des « Notes dans la marge » de Roland Fichet publiées dans la revue Théâtre s en Bretagne n°15-16, Théâtre et territoire, P.U.R., deuxième semestre 2002. « Girls just want to have fun,Boys just want to have sex » est un texte de Garance Dor publié aux éditions Spoke en 2002)

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« Girls just want to have fun Boys just want to have sex » | Garance Dor

« Être en vie, c’est ça la perfection. Regarde » Paradis de Tristesse, Olivier Py

Dans Girls just want to have fun Boys just want to have sex se trouve un des textes qui composent l’ensemble intitulé Le Projet de Garance Dor. Dans Le Projet vaste patchwork-manifeste dramatique comme dans Girls just want to have fun Boys just want to have sex il y a quelqu’un qui parle. Ce quelqu’un qui parle a un style. Ce qui est dit et la façon dont c’est dit (me) saute à la figure. Girls just want to have fun Boys just want to have sex ouvre sur un texte dont la première phrase est : « La dernière fois que j’ai couché avec un mec c’était un homme marié et je le savais ». Et se clôt sur un texte dont la première phrase est : « La première fois que j’ai couché avec un mec j’avais 14 ans et il en avait 24. »

Animée d’une sacrée rage d’écriture Garance Dor ! D’une sacrée rage tout court ; d’une belle férocité aussi.

Du sexe oui les monologues, les énumérations, les fragments de Garance Dor en regorgent ; c’est un bon sujet pour cette jeune femme, un sujet qui lui sert d’axe, sur lequel elle articule des échappées puissantes : caustiques, cocasses, violentes. Ça ravage pas mal me souffle à l’oreille un adolescent qui passe dans les parages. Difficile de ne pas ressentir un fort sentiment de sincérité, d’authenticité et même de vérité. Il y a de la présence, il y a du corps dans cette écriture.

Le geste de Garance Dor s’inscrit dans un courant très vif en ce moment : l’auto-fiction. L’écrivain avance un je qu’il ne déguise apparemment pas (leurre ?), un je chargé de ses expériences et de ses émotions, le met en scène, joue avec le dévoilement, l’impudeur, l’intimité.

Hervé Guibert, Christine Angot… il y a de ce côté-là, du côté de l’aveu, de la confidence, de l’autobiographie, de l’autoportrait, le désir d’un rapport risqué entre l’écrivain et le lecteur, entre l’auteur et le spectateur.

À observer de près : les formes théâtrales suscitées, inventées, par ce rapport singulier.