La cafétéria du CCFN est vaste, agréable. Des paillotes, de grandes tables rectangles et de petites tables rondes, des bancs. Le samedi, de nombreux lycéens et lycéennes y potassent leurs leçons. La plupart des lycéennes sont voilées.

Dans Niamey, de nombreux enfants mendient. Ils tendent vers vous un récipient en plastique accroché à leur poignet par une ficelle. Les yeux de ses enfants.

Marcher dans Niamey, c’est nager dans l’air chaud. La chaleur est palpable.

À la cafétéria du CCFN. Des jeunes filles élancées passent et repassent avec des cahiers et des livres. Dans leurs robes blanches et souples, elles ont des postures physiques de futures reines de Saba. J’en fais la remarque à mon voisin, un nigérien. Il me dit : « Beaucoup de pérégrinations d’écrivains ou d’artistes s’arrêtent ici. Les nigériennes sont fatales. »

Soir 20h45. Représentation d’Anatomies 2009. Le grand théâtre de plein air. La scène : une vaste dalle sphérique. Grande scène ronde sous les étoiles. Elles sont au rendez-vous les étoiles. La douceur du soir est une bénédiction. Tapis de danse noir, carrés blancs au sol, carrés noirs suspendus devant le rideau de fond de scène, côtés dégagés, ouverts. Comme d’habitude je suis au fond de la salle, à côté de mon gong. Premier coup de gong. Les quatre acteurs entrent,  mystérieux dans leurs imperméables. Ils les déboutonnent tranquillement…

Le groupe des acteurs du Niger est constitué de personnalités solides. Eric Affoukou et Beto (Oumarou Boubakari) ont composé un chant qui articule plusieurs langues : haoussa, germa, foufoundé, touareg … Des sons en transe. C’est très fort. Les ancêtres sont servis. Public vivant. Au deuxième rappel, je vais saluer avec les acteurs.

Beaucoup de spectateurs viennent me voir après le spectacle. Depuis mai 2003, date de mon premier atelier ici à Niamey, ils connaissent bien le Théâtre de Folle Pensée. Ils ont vu des spectacles de Folle Pensée en 2004, 2005 et 2006. Laurent Clavel nous y a toujours accueillis avec chaleur.

Après la représentation, comme dans chaque théâtre, des gens s’approchent de moi, me serrent la main, me fait part de leurs sensations.

Un groupe de personnes européennes et africaines dans lequel se trouvent Coralie, l’animatrice, Josée, la médiathécaire, et une jeune Séverine belge, exprime spontanément son plaisir. L’une d’elles emploie à plusieurs reprise le mot « magnifique » qui m’a toujours impressionné. Par contre, quelques français, des hommes, réunis autour de la même table à la cafétéria ont l’air pensifs. Réticents ? Critiques ? Je ne sais pas. La directrice du CCFN les rejoint. Parmi les hommes le conseiller culturel de l’ambassade. Curieux personnage ! Si j’ai bien compris un propos qu’on me rapporte il trouve le spectacle trop politiquement correct quant à la question de l’homosexualité. Où a-t-il vu ça dans le spectacle ? Après le repas, nous sommes embarqués par un groupe très amical. Nous allons boire un pot et danser. Le nom du lieu : l’Alizée.

Dans la nuit longues conversations dans cette boîte au bord du fleuve Niger. Des belles de nuit dansent avec grâce, le visage grave.