Dès potron minet nous sommes à l'aéroport de Pointe-Noire. Nous partons pour le Gabon. À Libreville soucis pour sortir de l'aéroport. Nadège Hédé, du CCF nous tire de là. Guy Lacroix, un Briochin – sa mère lui a déjà parlé au téléphone de l'article de Ouest-France du jeudi 19 mars – nous accueille dans son superbe théâtre. Nous venons d'un hangar et nous atterrissons dans une salle de spectacle sophistiquée. Mais nous ne jouerons ici que le mardi 31 mars. Dès demain nous décollons pour Malabo, capitale de la Guinée Équatoriale.

De quoi est morte Édith Bongo Ondimba, femme du président Omar Bongo ? Maintenant que je suis au Gabon je répète ma question. Même réponse qu'à Brazzaville : « Elle a touché les fétiches d'Omar Bongo ». Je cherche à en savoir plus sur les fétiches. Un homme m'explique qu'il s'agit de petits os des ancêtres que l'on garde dans de petits sacs, que l'on porte sur soi, ou que l'on dépose dans sa maison. Les fétiches peuvent aussi être des morceaux de corps embaumés : cœur, partie du cerveau, sexe, testicules…

Je parle à Guy Lacroix de la quatrième partie du spectacle : la partie qui parle justement des ancêtres. On y entend des phrases telles que : Nos ancêtres sont des monstres, nos ancêtres veulent la guerre, nos ancêtres veulent notre mort. Il me dit qu'à son avis nous n'échapperons pas à des réactions hostiles, que les ancêtres sont un sujet très sensible. Il précise que ce qui habite le corps africain dans sa partie la plus intime, la plus profondément constituée par des croyances et des pratiques qui se moquent du temps, continue de lui paraître inaccessible.

Lundi, début de soirée.

Echange minutieux avec les acteurs sur l'interprétation de chacune des parties du spectacle et sur chacun des textes. Discussion sur les ancêtres et les fétiches. Rudolf Ikoli (Aucarré) nous éclaire.

Lundi dans la nuit.

Corpulente et souriante, la femme déplace sur son grill des poissons tous plus appétissants les uns que les autres. Nous mangeons des bars et des capitaines sur le bord de la rue.