Avignon toujours. Par ceux à qui rien n’échappe.

Dans le Monde 2, le point de vue de Gérard Mortier, le directeur de l’opéra-Bastille :

Etiez-vous présent au Festival d’Avignon 2005 ?
« Je n’y étais pas, mais j’ai évidemment su ce qui s’y passait. Nous évoluons depuis longtemps d’un théâtre littéraire vers un théâtre très visuel. Le monde lui-même est devenu extrêmement visuel. L’image a pris le pas sur la parole. Afin d’atteindre le public, le théâtre s’est lui aussi prêté à cette évolution. Pour autant, les images fabriquées par le théâtre ne sont pas aussi spectaculaires que celles véhiculées par la télévision ou la publicité. A l’origine, le théâtre des Grecs était à la fois littéraire - poésie des chœurs - et visuel - les danses, la musique. Le théâtre proposé au Festival d’Avignon était essentiellement visuel. »

Qu’entendez-vous par théâtre visuel ?
« Le théâtre visuel est un théâtre qui évacue la parole. »

Je rêve. J’aurais mieux fait de ne pas aller à Avignon, j’aurais eu les idées plus claires et plus tranchées. J’y suis allé. J’ai vu quinze spectacles, dont dix dans le festival in. J’ai entendu partout de la parole, y compris dans les spectacles de danse et les installations. De la parole et du texte. Du côté du texte mis en scène, proféré, énoncé, dans les spectacles d’Avignon, il y a un point aveugle. Un effroi. Cachez ce texte que je ne saurais voir.