Bande rouge. Charline Grand a tendu l’immense toile rouge de A l’étroit devant un mur long d’une douzaine de mètres. Une sorte de couloir extérieur. Les spectateurs, comme à Saint-Brieuc, à Porto-Novo, à Ouagadougou, sont disposés tout en longueur mais ici ils peuvent grimper sur un muret et ne s’en privent pas. Des grappes de jeunes gens comme accrochées à des mâts tanguent dans la nuit devant l’histoire d’amour d’Alfred Dogbé. Bigame, c’est ainsi qu’on nomme un homme qui ne veut pas choisir entre deux femmes qu’il aime. Ça se bouscule sur la bande rouge qui délimite la scène et aussi tout autour. Les deux actrices, Adama Akili et Fatima Ouedraogo jouent exactement deux femmes prises dans la différence d’âge et dans la différence de « chien ». L’une a du « chien », sa beauté est agressive, l’autre a le charme tendre de la maturité. Toutes les deux défendent leur peau, leur désir, leur espace amoureux. Charline, le metteur en scène, ne les départage pas.