Monique Lucas dans « J'espère ne pas me perdre d'ici ce soir » de Nicolas Richard, m.e.s. Agathe Bosch - © Christian Berthelot

J'espère ne pas me perdre d'ici ce soir : c'est le titre de la pièce de Nicolas Richard, mise en scène par Agathe Bosch et jouée par Monique Lucas. Le vendredi 18 octobre, j'étais à Pordic, j'étais dans le public qui assistait minute après minute à la création de ce Portrait avec paysage, à son apparition. Une heure de théâtre dense, sensible, inquiétante. Qui me rappelle quelque chose. Ne serait-ce pas le théâtre du Quotidien sculpté il y a maintenant pas mal d'années par des auteurs tels que JP Wenzel, M Deutsch, D Lemahieu, Kroetz, Achternbusch ? Il faudra que j'y repense.

Tu ne trouves pas que tu y vas un peu fort, Nicolas ? Cette femme, quand même, sa vie n'est pas drôle. Enfin, elle aurait pu être plus drôle non, cette femme ? Tu aurais pu la faire danser davantage cette femme. Une femme française, même pas noire, arabe ou rom, qui nous invite à entrer dans sa vie sans rien masquer de la cruauté ordinaire.

Pendant une heure, cette femme est sous nos yeux. Elle est le centre de l'univers. Elle s'adresse à quelqu'un. À qui ? À l'homme qui est venu lui rendre visite ? À l'auteur ? À moi ? Petit à petit, je suis appelé par cette femme, la personne à qui elle s'adresse c'est moi, je deviens la personne à qui elle s'adresse. Et c'est une musique plus secrète que je n'imaginais que mes oreilles perçoivent. La vie c'est ça ? Pour beaucoup de personnes que je croise dans la rue, la vie c'est ça, simplement.

Et l'héroîne qu'interprète Monique Lucas ouvre son paysage, me raconte son échappée belle, le geste qu'elle a osé pour tenter de fracasser le mur des habitudes, des obligations, des déterminations sociales.
Et les nuages défilent derrière elle.
Et je ressens pour elle un immense respect et beaucoup d'amour.