Le théâtre est-il une fabrique de littérature ? Le théâtre est un lieu où naît, se déploie, s'épanouit cette littérature qu'on appelle dramatique. Sur la scène, le metteur en scène tisse des écritures (puisqu'aujourd'hui le mot écriture a été rapté par tous ceux qui n'écrivent pas). Une de ces écritures, le texte écrit par un auteur, peut devenir littérature. Le théâtre garantit le possible devenir-littérature de l'écriture textuelle jetée sur la scène parmi quantité d'autres signes (écritures ?) physiques, gestuels, plastiques, musicaux, chromatiques, cinétiques, architecturaux, vestimentaires…

Et voilà que cet agencement plus ou moins inspiré et éphémère peut lever de la littérature. Depuis les origines du théâtre, il lève de la littérature. De la littérature qui remet en jeu le(s) sens qu'elle déploie à travers le temps, à travers les siècles grâce à la mise en scène. Merci au théâtre d'engendrer cela, d'engendrer Antigone, Hamlet, Bérénice, Tartuffe, Mademoiselle Julie, La Cerisaie, Le Partage de midi, Le Cercle de craie caucasien, En attendant Godot, Combat de nègre et de chiens...

Voilà ce que j'ai dit sur la scène de la salle Serreau au TNB le 16 novembre lors des rencontres Télérama "Les États du théâtre". Sophie Pérez m'a aussitôt volé dans les plumes. Très à l'aise dans son théâtre et dans son identité, Sophie ! Aucun doute. Comme j'aurais aimé poursuivre le duel !