Couverture du livre La chute de l'Ange rebelle


(Note écrite par Claudia Stavisky pour la publication de la pièce « La chute de l’ange rebelle » de Roland Fichet, Éditions Théâtrales, novembre 1990.)


C’est l’histoire d’un homme qui…

C’est l’histoire d’un homme qui, pouvant rêver qu’il est un ange, rêve qu’il n’est qu’un homme.
Ou plutôt, nous rêvons qu’il est un ange.
Ou alors, il rêve que nous sommes des hommes.
Ou des femmes.
Ou, en tous cas, ceux qui lui survivront, et qui pourront raconter son histoire.

Et c’est peut-être pour ça qu’il nous la raconte, son histoire.
Si étrange et bouleversante qu’elle en devient ordinaire.
Celle d’un homme parmi d’autres.
Ou d’une femme.
Ou d’un ange.

Ou alors, il n’était pas né et tout ça n’est qu’un prologue, et il meurt.
Non. Il a tué quelqu'un.
Quelqu'un qui l’avait précédemment tué. Ou amoché.
Et maintenant, ils se précipitent sur lui et le chassent du Paradis.
Et comme il ne veut pas, il s’accroche un peu avant de faire le grand saut.

Et en s’accrochant à notre regard, il trouve le courage de sauter et nous brûle de ses ailes de désir.

Et puis, au lieu de tomber, il monte…

Ou alors, comme dans le tableau, il saute la tête en bas.

En tout cas, que la lente et grotesque métamorphose de l’ange rebelle fasse de lui un mutant de science-fiction ou de film d’horreur, ou qu’elle le fasse évoluer vers un avatar de maître de l’Enfer, ou du ciel, ou de quoi que ce soit d’autre, le fait est que, pour le sujet qui nous préoccupe, il est recommandé de s’en approcher avec prudence, de n’avancer que d’un fait établi vers un autre, d’un petit caillou blanc vers un autre petit caillou blanc, jusqu’à ce que notre chemin de Petit Poucet nous ait conduit à quelques centimètres de notre destination.