Couverture du livre Micropièces

(Texte intégral de « Attention au chien », micropièce de Roland Fichet publiée dans Micropièces - Fenêtres et fantômes, Éditions Théâtrales, novembre 2006.)

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Qui connaît tout à fait les humeurs des chiens-robots ? Qui ? Le propriétaire du chien-robot connaît l'humeur de son chien-robot ? Il la connaît parfaitement puisqu'il l'a programmée ? Pas sûr. On a vu des chiens-robots déborder leur nature. Victor Beck voulait le plus perfectionné des chiens-robots, un chien-robot plus chien que n'importe quel pit-bull, un chien-robot équipé de circuits électriques et de capteurs, un chien-robot qui ne raterait jamais l'intrus, un chien-robot qui mort et qui tue. Il l'a eu. La cruauté naturelle de Victor Beck, sa cruauté d'homme bien, riche, avec des rhumatismes (ce qui le rend irritable) est entretenue et développée par son chien-robot. Il en est très content de son chien. Il ne montre pas les crocs que pour dévorer des hamburgers et des boulettes de viande à saucisse, loin de là, son chien. Plus personne ne s'approche du domaine de Victor Beck et lui-même prend mille précautions pour rentrer dans sa maison.
A-t-il fait une erreur en composant le code de déprogrammation ? A-t-il provoqué son cerbère par pure bravade (ou ivresse ou désespoir) ? S'est-il livré à cette merveille de la culture par ... amour ?
Le chien l'a bel et bien tué, dépecé, dévoré.
Après quoi il s'est reposé.
Ce chien, si terriblement chien, veille en maître sur le domaine et la maison depuis la mort de Victor Beck. Les autorités attendent que la machine s'arrête, tombe en panne. Mais elle ne s'arrête pas.
Mon chien a une âme disait quelquefois Victor Beck à l'un ou l'autre de ses rares amis.