1 – Place du Grand-Lyon une statue de lion.

2 – Devant le CCF, de l’autre côté de la rue, les ouvriers du bronze. Rassemblés dans un espace de quinze mètres sur dix mètres une cinquantaine d’ouvriers liment, polissent des centaines de pièces de bronze. J’achète dix petites figures. Je parle avec eux. Pas beaucoup. Un tableau de groupe. Un groupe d’ouvriers sculpteurs de statuettes. En plein centre de Ouagadougou. Fragment de récit. Fragment du Burkina Faso.

3 – Maman Kouyaté accompagnée de ses deux demoiselles vient me chercher au CCF. Elle m’embarque dans son imposant carrosse. Je visite son centre Wande Demde. Je passe de classe en classe avec la Mama. Dans chaque classe, les enfants en blouse se lèvent et me saluent d’un musical « bonjour tonton ».

Nous traversons la cour. Nous passons devant les cases-appartements. (Jean-Claude Berutti a logé dans une de ces cases). Mama Kouyaté interpelle une jeune femme (18 ans) qui lave son linge dans la cour. Elle lui demande, si je comprends bien – elle parle sa langue – des nouvelles de son enfant.

Quelques minutes plus tard, après m’avoir installé face à elle devant un coca-cola, Mama Kouyaté hèle des enfants. Certains sont tout petits. Ils viennent se présenter, me saluent : « Bonjour tonton. » Mama ne bouge pas de sa place. Une jeune fille transmet ses ordres. Elle appelle la jeune mère. La jeune femme s’approche portant son enfant dans ses bras. L’enfant a quatorze jours. Lui aussi doit m’être présenté. Une toute jeune femme arrive ensuite, elle aussi avec un enfant. Elle me le présente. Il a neuf jours. J’ai vu les plus jeunes pensionnaires de Mama Kouyaté.

Mama me décrit ses entreprises, son centre d’accueil, sa troupe de danse et de théâtre, ses projets. Nous passons par le magasin du centre où j’achète un pagne anti-sida. Imprimés sur le pagne des phrases : Ne te laisse pas lêcher par qui peut t’avaler. Quand le margouilla porte un pantalon, il sait où mettre sa queue. Les fesses courent un danger tant que le scorpion reste dans la culotte. Qui veut souffrir traîne son sexe dans la fourmilière. Si tu vois un crocodile en train d’acheter un pantalon, c’est qu’il a trouvé le moyen de sortir sa queue.

Mama Kouyaté et moi allons manger chez Thiam.

Mama Kouyaté est une puissance dans la ville.  Mama Kouyaté est (ou a été) la femme de Sotigui Kouyaté.

Mama Kouyaté dit qu’elle est la mère de Daniel, Hassan, Papa Kouyaté…

Mama Kouyaté est la belle sœur de Thomas Sankana et l’amie de Blaise Campoaré.

Mama Kouyaté est directrice de Centre pour enfants dans la misère, chorégraphe, commerçante…

Mama entretient son réseau et veut l’élargir.

À plusieurs reprises, nous montons sur nos ergots et nous affrontons. Elle a du répondant Mama Kouyaté.

Elle : Le pouvoir ne peut pas tenir sans les chefs coutumiers et sans les femmes.
Moi : Tu veux dire que quelques femmes puissantes tiennent le Président ?

Elle rigole.

Une personnalité.