Place des Corps Saints. 13h. Nous nous installons, Gianni et moi, dans un petit restaurant. Régine Chopinot nous y rejoint. Gianni évoque — ce qui me surprend — De la paille pour mémoire. Toujours cette question de la profondeur, dit-il, et de la façon dont elle affleure très simplement à la surface dans l’écriture, par l’écriture. Je leur décris cette jeune femme en attente de lapidation que je vois enterrée jusqu’à la ceinture. Tout le bas du corps pris dans la terre et le haut du corps dressé à la surface, nu. L’image frappe Régine. Voilà, c’est à partir de cet état d’un corps de femme à demi-enterré qui va être déchiré à coups de pierres que j’ai commencé à tracer, à Caumont, des mots noirs sur des feuilles blanches (j’écris au stylo-encre). Je leur précise que je n’ai pas inventé cette situation. Je l’ai lue dans un article de journal il y a plusieurs mois. Je l’ai lue et elle s’est constituée en moi. Je n’ai vu aucune photo, aucune image de femme lapidée. Je ne sais pas s’il en existe.

Gianni et Régine parlent de leur place réciproque dans cette création que rêve Gianni. Gianni décrit un peu sa démarche et précise la place que prendront deux autres personnes, un plasticien et une artiste lumière.