Une ivresse douce. Nous avons besoin de cette jubilation, de cette excitation pour soulever les petites montagnes qui surgissent devant nous ou même sous nos pieds. L’ivresse et la création. Nietzsche ! Si nous n’avions pas un sacré grain de folie nous ne serions pas là. Porto-Novo et sa lagune. Porto-Novo et ses grandes maisons ocres, jaunes, son ambiance de petite ville d’un autre temps, son passé colonial (l’esclavage !), ses zemidgen, ses petits comptoirs sur le bord de la rue, éclairés la nuit par des lampes à pétrole rudimentaires. Le soir après les répétitions, nous achetons à des femmes installées avec leurs feux et leurs récipients juste devant le théâtre, des morceaux de poulet, de longues nouilles locales, du poisson pilé arrosé de sauce, du riz, du piment, de la salade. La marchande enfourne le tout dans un ou plusieurs pochons en plastique noir et nous allons manger sur la terrasse de la buvette d’à côté.